« Ça y est ! » me dit Muriel, « ce sont les couleurs de l’été ».
En l’espace de quelques jours la couleur dominante des collines environnantes est passée du vert au jaune. Ça et là des champs sont moissonnés et se couvrent d’une couleur de paille sèche. Ailleurs, ce sont des prairies qui se clairsement au fur et à mesure que monte la chaleur et que paissent les troupeaux de brebis ou de vaches.
Les collines de la Toscane Maritime ressemblent alors à un large damier que des haies vert foncé séparent. Le jaune des champs alterne avec le vert argenté des oliveraies ou le vert plus intense des vignes. Avec l’été, même le ciel a changé de couleur. Le bleu lumineux du printemps s’éclaircit d’un voile laiteux où l’on devine l’humidité qui monte de la mer.
Puis vient le soir avec ses crépuscules fabuleux. A l’orient, quand le soleil disparaît derrière les sombres collines, on assiste à une explosion de couleurs où le rouge foncé le dispute aux teintes orangées avec parfois, au milieu, un nuage qui prend une couleur variant du bleu outremer au noir. De l’autre côté, à l’occident, le coucher du soleil fait étinceler la mosaïque de champs, d’oliveraies et de vignes et de forêts.
Puis vient la nuit. Si avec l’obscurité les couleurs s’estompent, il suffit d’une pleine lune pour que les jardins prennent soudain un relief magique : l’ombre des cyprès qui se dessinent sur le gravier des allées, les murs de pierres sèches qui font ressortir leur blancheur, la masse des grands chênes qui tranche sur le ciel clair et parsemé d’étoiles.